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RESEARCH / WORKS / Cédric Canaud

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NOTE D'INTENTION, TRAVAUX & RECHERCHES
Paysages, je considère que les espaces que nous fréquentons, environnements abrités, privés, publics ou naturels fabriquent un paysage auquel nous sommes réceptifs. De façon intuitive souvent, ils impriment des dynamiques sur nos comportements. Afin d'investir ces paysages, je cherche à proposer des projets qui  initient un point de contact avec la dynamique d'un espace déjà pré-établi. Par espace j'entends ici des m2 mais également des zones occupées, libres,, de circulation, des cloisons... Ils sont un cumul de formes, de surfaces, de couleurs, de vides et de pleins fabriqués pat nos objets quotidiens et l'espace qui les accueil. Ces paysages sont également perçus à travers nos déplacements autour ou au sein de ces formes. Lors de ces mouvements nous intervenons activement sur ce paysage, en le modifiant au grès de nos besoins, il est un constant accompagnant de nos gestes, de nos vies. Il y a clairement interaction entre nos corps se mouvant et ces autres corps nous environnant qui sont déjà en contact les uns avec les autres. Deux dynamiques en parallèle s'influent l'une l'autre. Paysage et constituants, paysage et actions

Les collections le statut des objets, oeuvrer ensemble, nous accumulons. Proposer une nouvelle pièce à un usager c’est lui proposer une nouvelle forme qui va entrer en contact avec les formes déjà présentent sur le site de réception. C’est investir son paysage, déjà formé, déjà en mouvement et singulier. Proposer un design devient une histoire de compromis.   Un nouvel objet arrivant dans un espace doit pouvoir s'adapter à ce qui l'entoure, s'intégrer sans chercher à en devenir la vedette ... voir même constituer des socles à ses paires objets. Il y a ici une accroche avec l’aménagement d’intérieur, comment installer son habitat, son bureau... de façon fluide et nous correspondant? Nous sommes tous en recherche de ce qui nous correspond, de ce qui nous “plait”, dans la couleur ou les matières mais nous avons tous déjà constituer une collection de formes témoins de ce que nous sommes comme être sensible  Investir l’espace pour infléchir une dynamique. Induire des gestes, des postures parfois, des usages et des contacts.

Une exploration technique et technologique, motivée par mes aspirations à vouloir réunir un corpus technique et conceptuel varié. Les différentes techniques utilisées impriment une facture aux objets qu’elles produisent, les faire travailler conjointement offre un rendu moins directement identifiable permettant d’aller au delà de nos codes perceptifs habituels. Ces questions sont plus que contemporaines à mes yeux, elles répondent à nos envies de produire “proprement” (écologie), responsablement (économie) tout en innovant. L’innovation ne résidant pas dans le remplacement des savoirs faire plus anciens par de nouveaux outils, mais par une remise en jeu des potentiels opérationnels, ces différents outils agissants alors ensemble. Une nouvelle technique est un complément, un outil de plus proposant de nouvelles factures et de nouvelles façons de fabriquer et de concevoir.

Initialement issu de, et formé à, l'art contemporain,  je suis toujours en exploration de ce qui définit le geste d'un designer. Quel geste s'apparente au champ des arts appliqués et quel autre ne l'est pas? Cette question m'amène à tester les limites de ce champ créatif, à le métisser avec d'autres disciplines. Chaque pratique artistique possède son propre vocabulaire qu'elle ne cesse d'interroger et d'élargir. Cette recherche de limite ne vise pas à cloisonner mais au contraire à ouvrir, à révéler des points de porosité autorisant l'apport de concepts provenant d'ailleurs, a déplacer les idées d'un contexte vers un autre.

Je reste convaincu qu’une forme plastique, quelle que soit son statut, parle à un “regardant” ou un ”utilisateur”, qu’elle imprime des questions et des références, qui entrent en écho avec nos vies, notre environnement et notre appréhension de celui-ci. Il y a déjà de la danse dans nos gestes quotidiens, face à un objet. Lorsque l’on se déplace entre des meubles, que l’on passe d’un revêtement de sol à un autre, d’un espace à un autre... Il y a de la peinture et du rythme dans la finition couleur, dans le motif ou dans la matière d’une forme, du dessin et de la géométrie dans la silhouette d’un bol ... du son dans des matériaux s’entre choquant, de l’image, de l’installation et de la scénographie dans l’aménagement d’un intérieur.
Nos corps mémorisent des mesures par le mouvement, il s'agit là d’une expérience sensible. Ces corps impriment également des sensations face à une surface, une texture ou une matière. Par l’oeil et par le toucher ces factures entrent en contact avec nos histoires individuelles. Les formes nous parlent de concepts et de références, de façon inconsciente. Nos intérieurs sont peuplés de ces histoires. Nous les accumulons et les collectionnons dans nos paysages domestiques, ces collections racontent qui nous sommes, à quoi nous sommes réceptifs et comment nous conceptualisons le monde. Mes propositions cherchent toujours un point d’équilibre entre ce qui occupe déjà un espace et ce que je vais lui adjoindre afin de préserver et révéler ces histoires uniques, constituantes de nos identités ...

Une interaction via..., une forme communicante, l’objet, techniquement référencé un objet induit des comportements, une interprétation. D’où vient il, que puis-je en faire? On fera ici appel à nos références intuitives. Par exemple, un paillage = une assise / Une poignée = à saisir donc transportable ... Si en plus ce paillage est usé il va déclencher un changement de comportement, on va s’asseoir plus délicatement. Il convoque un imaginaire, une curiosité sur sa provenance et une typologie de gestes plus attentifs et précieux.
* Nos références..., ces objets ou mobiliers déclenchent un questionnement sur l’environnement spatial de notre habitat, comment imagine-t-on nos espaces de vie? En jouant ainsi sur l’interprétation des formes, des factures et proportions, on peut accompagner l’usager dans son action. C’est une invitation à prendre part à l’événement design, vécu comme une expérience sensorielle et active.
* Les matériaux et leur perception..., faisant écho aux références, les matériaux sont interprétés par l’oeil pour leur qualités. Ainsi, tissus, mousses ... seront associés au contact avec le corps. Dans mes projets je joue régulièrement avec ces perceptions, ce qui semble dur peut être mou, c’est un jeu qui invitera au test, à l’expérience en stimulant la curiosité. Via ces jeux, l’usager face à ces objets est déjà dans une appréhension sensible, critique, il pèse, jauge, touche et manipule, c’est un premier point de contact impliquant qui va favoriser une future appropriation.
* La manipulation..., modularité et adaptabilité, l’utilisateur donne forme à l’objet, le prolonge, il se trouve dans une position “ouverte” et devient acteur de son environnement. En montant et installant un meuble chez lui il se projette déjà en utilisateur.  Mes recherches visent à élargir les possibles de cette prédisposition. Afin d’impliquer un usager dans la fabrication de son nid, à y devenir actif, critique et décisionnaire. Reprendre la main sur son environnement. Sur sa vie...?
* L’histoire..., le design a la particularité d’avoir une histoire très connue du grand public. Sans qu’elle le sache, la population a quotidienement cotoyé toute une série d’objets témoins de différentes époques. L’espace public est peuplé de l’histoire du design et de l’architecture, les vieux kiosques à journaux et les stations de métros Parisiens en sont autant de fromalisation. Les vitrines, les magazines de décoration nous exposent ce qui se fait aujourd’hui en le confrontant au charme d’antant. La population a intégré toute une série de questions de façon intuitive, par l’analyse inconsciente de la forme. Il s’est forgé une culture esthétique critique.
Nos objets sont les témoins de notre civilisation, l’archéologie s’appuie sur des restes d’outils quotidiens pour imaginer la vie de nos ancêtres. Nous sommes reliés à eux par des formes qui contiennent les rituels et concepts fondamentaux de leurs sociétés. J’aime l’idée que le Design a une histoire antique et préhistorique et que ce que nous produisons aujourd’hui n’est qu’un point témoin du jour en droite ligne de ce qui pré-existait avant nous et sera demain. C’est ce point qui m’amène à explorer les techniques, les codes, les gestes, nos typologies et notre intuition. C’est une histoire humaine.

Expérimentations et constats, en cherchant à provoquer l’intuition je fait régulièrement face à des matériaux et des techniques que je ne maîtrise pas. C’est justement dans la découverte de ces matériaux que l’exploration convoque les éléments à la base de mes propositions.
Comment les faire intervenir dans nos environnements quotidiens est tout l’enjeu. À quoi se réfèrent-ils ? Comment jouer avec les codes qu’ils inspirent? Comment jouer avec les perceptions et guider l’usager vers une expérience à la fois active, conceptuelle et sensible?

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